Connu pour son engagement démocrate, il fut un producteur courageux à une époque où le cinéma américain était en proie à une chasse aux sorcières, notamment en engageant Dalton Trumbo, scénariste présent sur "la liste noire d'Hollywood". Plusieurs de ses films abordent des thèmes sensibles, comme Les sentiers de la gloire (Paths of Glory, S. Kubrick 1957) qui fut interdit à sa sortie dans beaucoup de pays européens
Issur Danielovitch Demsky est né de parents ayant fui la Biélorussie pour des raisons politiques. Il est le quatrième enfant d'une famille qui en compte sept (il a six sœurs). C'est après avoir récité un poème à l'école et reçu des applaudissements que le jeune Issur décide de devenir acteur. Une ambition non partagée par sa famille. A l'université, le fait d'être juif et fils de chiffonnier lui attire l'antipathie de nombre de personnes mais le jeune homme trouve une façon d'imposer le respect : la lutte.
Il retourne à New-York où Lauren Bacall lui permet d'obtenir un petit rôle dans L'Emprise du crime (The Strange Love of Martha Ivers, L. Milestone, 1946).
Il donne la réplique à Robert Mitchum dans
La griffe du passé (Jacques Tourneur)
et rencontre Burt Lancaster dans L'homme aux abois
(I walk alone, Byron Haskin, 1948).
Il prend le choix audacieux de tourner Le champion (Mark Robson, 1949).
Sorti en juillet 1949, le film est un succès inespéré.
Il signe alors un contrat avec la Warner et enchaîne plusieurs films :
Las de l'emprise du studio, il décide de ne pas renouveler son contrat
après le film La vallée des géants (The big trees, Felix Feist, 1952).
Libre, il tourne un western de Howard Hawks,
La captive aux yeux clairs (The big sky, 1952),
puis Les ensorcelés (The bad and the beautiful, 1952) de
Vincente Minnelli où l'oscar du meilleur acteur lui échappe.
Pour les beaux yeux de l'actrice italienne Pier Angeli il accepte un contrat de trois films qui l'amène en Europe. L'acteur à succès devient producteur et créer la Bryna, du nom de sa mère, et produit La rivière de nos amours (The indian fighter, André De Toth, 1955), un succès.
En 1955 il achète les droits du roman Lust for life et confie la réalisation à Vincente Minnelli. La vie passionnée de Vincent Van Gogh (Lust for Life, Vincente Minnelli, 1956) entraîne Kirk Douglas aux limites de la schizophrénie, l'acteur ayant du mal à entrer sans conséquences dans l'âme tourmentée du peintre. Là encore, il est nommé pour l'Oscar du Meilleur Acteur sans toutefois l'obtenir.
Il tourne alors avec son ami Burt Lancaster un western de légende, Règlement de comptes à O.K. Corral (Gunfight at the O.K. Corral, John Sturges, 1957). Sa composition du personnage de Doc Holliday reste dans toutes les mémoires.
La même année, il s'investit dans la production et l'écriture d'un autre film de légende, Les sentiers de la gloire qui permet à Stanley Kubrick de faire ses preuves. Le film ne rapporta pas beaucoup d'argent puisqu'interdit dans un grand nombre de pays européens. Avec la Bryna, il produit Les Vikings (The Vikings, Richard Fleischer, 1958) , fresque épique qui l'emmène tourner un peu partout dans le monde (dont en France). Le film est un gros succès.
Vexé de ne pas avoir été choisi pour interpréter Ben Hur il choisit de faire son propre film épique en adaptant au cinéma l'histoire de Spartacus (Spartacus, Stanley Kubrick, 1960). Une préparation longue et compliquée, un tournage long et difficile (le réalisateur Anthony Mann est remplacé par Stanley Kubrick) mais un immense succès et un rôle qui place définitivement Kirk Douglas au panthéon des stars de Hollywood.
En 1962, toujours sur un scénario de Dalton Trumbo, il interprète un cow-boy perdu dans le monde moderne dans Seuls sont les indomptés (Lonely are the brave, David Miller, 1962).
Après quelques échecs commerciaux, dont un ambitieux, Le dernier de la liste (The list of Adrian Messenger, John Huston, 1963)
il revient aux films engagés avec Sept jours en mai (Seven days in May, John Frankenheimer, 1964) .
Dans Les héros de Télémark (The heroes of Telemark, Anthony Mann, 1965) il est un scientifique qui tente de stopper la progression industrielle allemande pendant la guerre.
Sur la même période, il enchaîne avec Première victoire (In Harm's way, Otto Preminger, 1965)
et L'ombre d'un géant (Cast a Giant shadow, Melville Shavelson, 1966).
Après un petit rôle dans Paris brûle-t-il? de René Clément (1966),
il retrouve John Wayne pour un western à succès La caravane de feu
(The war wagon, Burt Kennedy, 1967).
En 1969, il tourne sous la direction de Elia Kazan puis de Joseph L. Mankiewicz pour un western original et déroutant, Le reptile (There was a crooked man, 1970) aux côtés de Henry Fonda.
Après une autre adaptation d'un roman de Jules Verne, Le phare du bout du monde (The light ot the edge of the world, Kevin Billington, 1971) Kirk Douglas décide de passer à la réalisation.
Sur un sujet qu'il pense rentable, avec un budget correct, Kirk Douglas tourne Scalawag (1973) adapté de "L'île au trésor". Le tournage est catasttrophique comme en témoigne le journal de bord et le film est un échec total.
Deux ans plus tard, il réitère l'opération avec La brigade du Texas (Posse, 1975), western de qualité mais qui ne trouve pas son public. Ce dernier film incite la star à s'éloigner de la réalisation.
Ne voulant plus tourner que des films qui l'intéresse, il s'égare dans des productions comme Holocaust 2000 (A. De Martino, 1977)
ou Saturn 3 (Stanley Donen, 1980, pour lequel il est d'ailleurs nommé aux Razzie Awards : les Oscars de la honte).
Il retrouve son ami Burt Lancaster pour Coup double
(Tough guys, Jeff Kanew) en 1986.
Diamonds (John Mallory Asher) en 1999 est l'occasion de retrouver Lauren Bacall et de recevoir au festival de Deauville un hommage pour l'ensemble de sa carrière.
Il accepte de tourner dans Une si belle famille (It runs int the family, Fred Schepisi, 2003) aux côtés de son fils Michael Douglas et de son petit fils Cameron. Trois générations de Douglas sont ainsi réunies pour un film sorti de façon discrète et qui ne connaîtra pas un grand succès.
Souvent nommé aux Oscars, Kirk Douglas n'a jamais reçu la statuette du meilleur acteur. Il a remporté en 1996 un Oscar pour "cinquante ans de force créative et morale dans la communauté cinématographique" et a reçu la médaille présidentielle de la Liberté américaine (Presidential Medal of Freedom, récompense civile la plus élevée) en 1981.
En 1968, il a reçu le Prix Cecil B. DeMille aux Golden Globes, le prix Carl Foreman par la fondation du cinéma américain (1996), le prix Milestone aux prix PGA L'Orel d'or (USA, 2001). Acteur incontournable à la carrière magistrale, il est - depuis le début des années 1980 honoré de toute part dans le monde. Pour l'ensemble de sa carrière et de son œuvre, il a été récompensé par le National Board Of Review (1988), l'American Film Institut (1991), la Convention ShoWest (1994), le festival de cinéma de Hollywood (1997), la Guilde des Acteurs de cinéma (1997), le festival de cinéma de Wine Country, le festival du cinéma international de Berlin (2001).
En France, il a été décoré de la Légion d'Honneur en 1985 des mains de Jack Lang et à reçu un César d'Honneur en 1980. En outre le festival du film américain de Deauville lui a rendu un hommage en 1978 et 1999.
Filmographie
20 000 lieues sous les mers
(20,000 Leagues Under the Sea,
Richard Fleischer, 1954)
Dialogue de feu
Un homme à respecter
L'embrouille est dans le sac
Veraz
Greedy (Jonathan Lynn, 1994)
Et aussi :
Commentaires
1. Jean-Marc le 17-10-2009 à 09:41:35 (ton film)
Tu as fait une très belle biographie de cet excellent acteur dont la longévité au cinéma n'a d'égal que sa longévité tout court ...
Je le trouve pour ma part bien meilleur acteur que son fils et il a surtout rempli des rôles dans pas mal de genres ce que, à mon avis, n'a pas fait son fiston ...
Bravo j'ai pris plaisir à lire et à découvrir certains films que je ne connaissais pas.
Bisous